L'éducation est le développement dirigé des facultés physiques, psychiques et intellectuelles ; les moyens et les résultats de ce développement. Spécialement, l'éducation humaine inclut ces apprentissages et des éléments culturels caractéristiques du lieu et de la période historique.
Éducation, instruction ou enseignement
Éducation est directement issu du latin educatio de même sens, lui-même dérivé de ex-ductare (ductare signifie conduire, guider, commander et ex, "dehors") : faire produire (la terre), faire se développer (un être vivant)[1].
Enseigner, c'est transmettre à la future génération un corpus de connaissances (savoir et savoir-faire) et de valeurs considérées comme faisant partie d'une culture commune. Il est souvent facile de confondre enseignement et éducation. En effet, ce dernier terme, beaucoup plus général, correspond à la formation globale d'un individu, à divers niveaux (au niveau religieux, moral, social, technique, scientifique, médical, etc.). Le terme enseignement, de son côté, se réfère plutôt à une éducation bien précise, soit celle 'de la transmission de connaissances à l'aide de signes'[réf. nécessaire]. « Signes » et « enseignement » dérivent d'ailleurs de la même racine latine. Ces signes utilisés pour la transmission de connaissances font, entre autres, référence au langage parlé et écrit.
Enseigner est donc éduquer, mais éduquer n'est pas forcément enseigner.
L'éducation ne se limite pas à l'instruction stricto sensu qui serait relative seulement aux purs savoir et savoir-faire (partie utile à l'élève : savoir se débrouiller dans le contexte social et technique qui sera le sien).
Elle vise également à assurer à chaque individu le développement de toutes ses capacités (physiques, intellectuelles et morales). Ainsi, cette éducation lui permettra d'affronter sa vie personnelle, de la gérer en étant un citoyen responsable dans la société dans laquelle il évolue, capable de réfléchir pour pouvoir éventuellement construire une nouvelle société.
En pratique, tout le monde est d'accord pour considérer que certains savoirs essentiels font partie du bagage minimum du citoyen, et qu'inversement il n'est pas d'enseignement possible sans un minimum de pures conventions (comme l'alphabet par exemple) et de capacités relationnelles, dont d'éducation. Instruction et éducation sont souvent confondues. Les différences, subtiles, restent la base de controverses depuis longtemps, le littré en fait foi dans son choix d'exemple pour sa définition d'éducation
Mais il faut remarquer que l'instruction s'enseigne, et que l'éducation s'apprend par un autre mode d'action du maître, quel qu'il soit.
Au début du XXe siècle, la science de l'éducation désignait la pédagogie. Aujourd'hui, en France, depuis la création en 1967 du département universitaire de Sciences de l'éducation l'expression s'emploie au pluriel. Les problèmes d'éducation s'étudient en empruntant à plusieurs disciplines des sciences humaines (sociologie, psychologie, biologie, économie, philosophie de l'éducation, etc.).
Enjeux
L'éducation est universellement considérée comme un enjeu essentiel, en tant que véhicule de transmission aux générations ultérieures et en tant que moyen de défense et de pouvoir des personnes bien éduquées ou, au contraire, d'asservissement de personnes soumise à un "bourrage de crâne" (racisme, xénophobie, légitimation de la violence contre un ennemi, inculcation du caractère normal d'une position sociale inférieure, ...).
Un droit reconnu au niveau international
Selon la convention des droits de l'enfant, l'éducation est un droit garanti par les États, et doit avoir les objectifs suivants[2]:
Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ;
Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ;
Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ;
Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone ;
Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.
Un droit dans lequel les états s'impliquent
Certains considèrent que l'État doit surveiller étroitement l'éducation délivrée sur leur territoire et la formation des maîtres, pour plusieurs motifs :
assurer ses responsabilités, à l'égard des enfants (Cf. le droit à l'éducation mentionné plus haut) et de la culture ou l'identité nationale.
éviter l'implication d'autres acteurs, aux motivations plus douteuses (en tout cas supposées ou présentées comme telles) : institutions religieuses (dogmatisme, sectarisme, etc.), entreprises (recherche de profit, etc.).
donner les moyens, notamment financiers, puisque l'état est généralement l'acteur le plus riche dans ses frontières.
contrôler la qualité et assurer l'égalité de traitement des diplômés de même niveau, selon leurs résultats à des examens identiques.
assurer que le spectre des enseignements dispensés est conforme à l'intérêt du pays et des élèves eux-mêmes, sans excès d'étudiants dans des domaines déjà bien pourvu (numerus clausus) ni manques dans des filières en recherche de personnel.
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Cependant, quantité de penseurs de premier plan sont d'un avis opposé. Par exemple Condorcet, grand philosophe du Siècle des Lumières, dans son Premier mémoire sur l'instruction publique (1791), intitulé "l'éducation publique doit se borner à l'instruction", troisième raison : "Parce qu'une éducation publique deviendrait contraire à l'indépendance des opinions", affirme :
"la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel, le but de l'éducation ne peut plus être de consacrer les opinions établies, mais, au contraire, de les soumettre à l'examen libre de générations successives, toujours de plus en plus éclairées".
John Stuart Mill, dans ses Principes d'économie politique, (1848, livre V ch XI), déclare à son tour :
"Il n'est pas tolérable qu'un gouvernement ait, de jure ou de facto, un contrôle complet sur l'éducation des gens. Posséder ce contrôle et surtout l'exercer est le propre d'un comportement despotique.
Un gouvernement qui puisse mouler les opinions et les sentiments des gens depuis l'enfance jusqu'à la jeunesse peut faire avec eux ce qu'il veut."
Cette position est corroborée par le soin des régimes tyranniques ou totalitaires à enrôler leur jeunesse (Komsomol, Hitlerjugend,...). Elle se reflète en outre dans les tollés que provoque le pouvoir politique lorsqu'il impose par la loi un contenu à enseigner, comme on à pu le voir en France à propos de lois fixant des vérités historiques, ou aux USA à propos de lois combattant plus ou moins sournoisement le darwinisme en tant que contraire à une lecteur littérale de la Bible.
Investir dans l'éducation
L'économie de l'éducation s'est développée dans les années 1960, pour étudier l'influence de l'éducation sur le développement économique.
La théorie du capital humain présentée en 1964 par Gary Becker, associait l'éducation à un investissement pour l'individu, pour leurs employeurs et plus généralement pour la société. Il affirme que les savoir transmis par l'éducation améliorent directement les performances des individus. Cet investissement est alors considéré comme avantageux si les gains de productivités futurs sont plus importants que les coûts de la formation. Elle peine cependant à expliquer l'attrait de filières éducatives privilégiant la culture générale par rapport à celle proposant une formation opérationnelle des individus, à priori plus mobilisables sur le marché du travail.
Une hypothèse alternative, la théorie du signal, a donc été développée dans les années 1974 par le canadien Michael Spence. On retrouve des idées similaires dans le rôle de filtrage assigné au système éducatif par Kenneth Arrow.
Les grands domaines éducatifs
Savoir, savoir-faire, être et savoir-être
Schématiquement, on peut distinguer quatre grands domaines éducatifs : le savoir, le savoir-faire, l'être et le savoir-être.
Le savoir correspond aux connaissances intellectuelles. Les recherches en éducation relatives au savoir ont pour objectif de trouver tous les moyens pédagogiques permettant aux apprenants d'acquérir au mieux des connaissances : lecture, écriture, mathématiques, connaissances sur l'Homme et sur l'environnement écologique, métaconnaissances, ...
Le savoir-faire correspond à des compétences pratiques, de l'expérience dans l'exercice d'une activité artisanale, artistique ou intellectuelle. Ces capacités s'acquièrent par la pratique régulière d'une activité et en partie par l'apprentissage d'automatismes moteurs. Les recherches en éducation relatives au savoir-faire ont pour objectif de trouver tous les moyens pédagogiques permettant aux apprenants d'acquérir au mieux des compétences et des habiletés pratiques.
L'être correspond à l'état physique et psychique du sujet. Les recherches en éducation relatives à l'être ont pour objectif de trouver tous les moyens pédagogiques permettant, dans les situations éducatives, de favoriser voire d'atteindre l'état physique et psychique optimal : état de santé, de bien-être, de motivation, de confiance et de satisfaction des besoins psychiques primordiaux (plaisir, "liberté", reconnaissance, sécurité, justice, authenticité, intimité, diversité, confort, créativité, affection, ...).
Le savoir-être correspond à la capacité de produire des actions et des réactions adaptées à l'environnement humain et écologique. Cette capacité s'acquiert en partie par la connaissance de savoirs spécifiques. Les recherches en éducation relatives au savoir-être ont pour objectif de trouver tous les moyens pédagogiques permettant aux apprenants d'acquérir au mieux la maîtrise d'actions et de réactions adaptées à leur organisme et à leur environnement : préservation de l'environnement, hygiène, empathie, contrôle émotionnel, contrôle comportemental, responsabilisation, actions pro-sociales, coopération, discours autocentré (langage "je"), gestion des conflits ...
Construire son savoir
La pédagogie moderne considère que la transmission traditionnel simple (instruction) doit laisser la place une pédagogie où l'élève construit (et non pas crée !) son savoir lui-même. Par exemple, selon cette conception, il semble plus essentiel qu'un élève soit capable de construire le concept de département et d'en identifier un à partir d'une carte ou d'un dictionnaire, plutôt qu'il connaisse par cœur tous les départements sans savoir quelles en sont les attributions, le fonctionnement, etc. De même, il semble plus important de savoir consulter internet ou un dictionnaire, que de connaitre par soi-même un répertoire étendu de vocabulaire, avec son orthographe correcte.
Mais ce concept est contesté, parfois violemment et des mots très durs (stalinisme, terrorisme intellectuel, dressage, formatage, coterie des UIFM, ...), en lui reprochant de porter une part de l'échec scolaire et social actuellement imputé au système. Les opposants dénoncent comme artificiel (et inefficace et stressant) la prétendue "construction" par les élèves d'un savoir qui suppose en réalité un niveau supérieur au leur, parfois universitaire voire doctoral (exemple : construction des nombres et d'une opération aussi simple que la soustraction, en primaire, par la méthode ensembliste)[3], quand elle ne suppose pas des prises de risques inconsidérés (à propos du code de la route ou autres situations potentiellement dangereuses, par exemple). Ils soutiennent que les enfants peuvent et doivent, avec pas moins de plaisir et de motivation, apprendre "par cœur" et par obligation si nécessaire, sinon les départements, du moins l'alphabet, les tables de multiplication, les principales règles de toutes sortes (sociales, grammaticales, mathématiques, physiques...)[4]. Ces contestataires, à leur tour, se voit accusés de démarches rétrogrades, réactionnaires, de mauvaise foi, etc.
Éducation formelle et éducation non formelle
Le concept d'éducation non formelle est né du constat que l'école n'était, et loin s'en faut, pas l'unique lieu d'éducation. C'est ainsi que la première source d'éducation reste la famille et l'entourage, avec tous les enjeux de « reproduction sociale » que cela implique. En France, Bourdieu et Passeron ont soutenu que le système scolaire reproduit le système social grâce à une culture scolaire insuffisante et à une culture libre que les familles les plus aisées transmettent à leurs enfants pour qu'ils accèdent en haut de l'échelle sociale.
En outre, à côté de ses missions d'éducation et d'instruction, le système éducatif est contesté pour opérer, par construction, une sélection (orientation vers des métiers, ou vers de hautes carrières administratives) : l'élève reçoit une instruction gratuite, mais il payerait cette gratuité en étant transformé en un produit relativement passif du « système (de production) scolaire ». L'école exige de l'élève qu'il s'intègre à l'institution scolaire, à travers la maîtrise d'un certain nombre de connaissances de base dont l'ensemble n'est pas toujours formalisé. D'autre part elle ne peut transmettre qu'un corpus rationalisé et fait l'impasse sur une grande partie du fond commun culturel (le « bon sens », les tabous, la communication non verbale, etc.). Enfin, malgré les progrès de la formation continue, elle ne dure qu'un temps relativement bref dans la vie d'un individu.
Pour toutes ces raisons, il apparaît utile à certains d'élargir la réflexion sur l'éducation, sans la réduire au cadre scolaire. Ainsi, l'éducation non formelle, qui apporte des compétences spécifiques à l'individu et que celui-ci ne peut acquérir (Tiehi, 1995) dans le cadre de l'éducation formelle, est notamment délivrée au sein des organisations de jeunesse.
Malgré tout cela, l'éducation a permis, historiquement, en France, à une grande partie des classes défavorisées d'accéder à un statut de classe moyenne. Pour certains, son orientation actuelle vers une professionnalisation précoce d'une partie de la jeunesse serait contradictoire avec sa finalité de culture générale des élèves pour leur épanouissement dans la société en tant que citoyen. Pour d'autres, elle peut faciliter au contraire cette intégration dans la vie sociale et professionnelle, objectif tout aussi essentiel de l'éducation.