IV. À Matignon (14 avril 1962-10 juillet 1968)
Après l'approbation des Accords d'Évian par référendum en avril 1962, le général de Gaulle nomma Georges Pompidou Premier ministre à la place de Michel Debré. C'est ainsi un homme certes expérimenté mais peu connu du grand public qui arriva à Matignon le 14 avril.
L'année 1962 fut marquée par la réforme de l'élection du président de la République. Le choix du suffrage universel direct et surtout le recours au référendum pour faire approuver cette modification constitutionnelle entraînèrent le vote d'une motion de censure et la chute du premier gouvernement Pompidou. Le Général le renomma aussitôt dans ses fonctions, comme il le fit après son élection aux présidentielles de 1965. Georges Pompidou suivit ensuite de près la préparation des élections législatives de 1967 en s'impliquant dans le choix des investitures et dans la campagne. Les résultats ne furent pas ceux escomptés par la majorité puisqu'elle n'obtint qu'une très courte avance. Le Premier ministre fut alors élu pour la première fois député du Cantal.
Les années 1962 à 1968 furent, en politique internationale, guidées par le principe gaullien de grandeur et d'indépendance de la France et, sur le plan intérieur, elles furent marquées par un réel essor économique permettant d'importantes réformes de structures. Georges Pompidou prit une part personnelle très active au développement de l'économie française dans tous les domaines.
La crise de 1968 vint ébranler la République. Depuis Matignon, Georges Pompidou la géra au quotidien, misa sur des mesures d'apaisement, engagea les négociations de Grenelle et préconisa de dissoudre l'Assemblée nationale pour trouver une sortie politique à la crise. Après un départ soudain à Baden Baden, de retour à Paris, le 30 mai, le Général annonça la dissolution. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 furent un franc succès pour les gaullistes5.
Le 10 juillet 1968, le Général choisit de remplacer Georges Pompidou par Maurice Couve de Murville. Durant cette " traversée du désert ", l'ancien Premier ministre se retrouva " simple député " du Cantal et organisa ses bureaux boulevard de La Tour-Maubourg, toujours entouré de quelques proches collaborateurs. Georges Pompidou fut alors profondément blessé par l'affaire Markovic6. Le 17 janvier, à Rome, une déclaration de Georges Pompidou fut interprétée par la presse française comme annonçant son intention, le moment venu, de se porter candidat à la présidence de la République7.
L'échec du référendum sur les réformes du Sénat et des régions entraîna le départ du général de Gaulle et l'organisation de nouvelles élections présidentielles. Georges Pompidou fut élu avec 58% des suffrages exprimés face à Alain Poher8.
5- Georges Pompidou, op. cit., pp. 179-207.
6- Georges Pompidou, op. cit., pp. 255-266 et 269-272.
7- Georges Pompidou, op. cit., pp. 266-269.
8- Georges Pompidou, op. cit., pp. 273-279.
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